Friday, September 27, 2013

Kicking b-day party !

Dans très exactement deux semaines, je pousse des disques avec des copains au bar la Manufacture (Paris) pour fêter la première année d'existence de la Kicking Radio dont j'ai déjà parlé ici (event fb). Je n'ai pas toujours l'impression que les gens réalisent bien ou apprécient à sa juste valeur cette webradio, véritable alternative à la pauvreté de la bande FM. En parlant de pauvreté, il semblerait que ça sente pas mal le roussi à l'Eko des Garrigues. Je suis tout ça d'un peu loin mais les comptes de la radio n'ont pas l'air au beau fixe et certains, pessimistes ou réalistes je ne sais pas, prétendent qu'on n’émettra plus en 2014. Ça me ferait bien chier... Mais ce n'est pas l'objet du post. Je me suis rappelé que j'avais interviewé Mr Cu! fin 2007, pour le fanzine que je voulais sortir (mon arlésienne). Le sommaire avait de la gueule avec des interviews de Future Of The Left, Danko Jones, Do You Compute (itw que j'avais mise sur ce blog), Glasnost et donc Cu! de Kicking Records. Il n'avait pas encore lancé sa multinationale Kicking Books, Gear, Radio etc. mais il était quand même bien en forme, en mode offensif, comme vous allez pouvoir le constater en lisant ce qui suit. C'était il y a 6 ans donc forcément il y a des choses qui datent un peu, ne sont plus d'actualité (coucou myspace) mais j'ai estimé que c'était la bonne occas' pour sortir ça du placard. C'est comme ça et pas autrement et ceux qui sont pas contents, vous connaissez la chanson...

D'où t'es venue cette idée saugrenue de vouloir vendre des disques de groupes indés, punkrock en France en 2006? Parce que là pour le coup tu cumules toutes les tares. Aurais-tu des penchants masochistes? Plus sérieusement, avais-tu un modèle de label au moment de te lancer dans l'aventure?
Bah, il est vrai que si j’avais calculé un minimum, je ne l’aurais pas fait… Mais si j’avais calculé un minimum de choses dans ma life, elle aurait été bien terne. Ca fait partie d’un tout. J’ai envie de faire des disques de punk rock chanté en anglais, je le fais. Point. C’est grâce à ça que le paysage musical indé français ne tourne pas qu’autour du ska festif et du dub réchauffé. Je le fais, ça existe, ça me permet de voyager, de rencontrer des gens, de vivre une expérience de plus. Et surtout, d’écouter de bons disques dans ma caisse, en ne devant rien à personne.
Je n’avais aucun modèle au moment où je me suis lancé. Je ne savais même pas que ce que je faisais, càd aider Nasty Samy à sortir le premier album de The BLACK ZOMBIE PROCESSION, allait donner naissance à un label avec une douzaine de sorties au compteur l’année d’après. Pourquoi un modèle d’ailleurs ? La conjoncture, le pays, les groupes, tout ça est différent d’avec les labels qui peuvent avoir une démarche similaire ailleurs à un autre moment. J’avance chaque jour en faisant comme je l’entends et en apprenant comment pouvoir avancer le jour suivant. Et personne n’est là pour me montrer la voie.  La voix de la raison serait d’arrêter l’hémorragie tout de suite. Mais Kicking Records est ma danseuse. Je ne dois de comptes à personne, c’est mon espace de liberté. Le reste n’est que contraintes. Tu fais un zine, je fais un label, d’autres font des groupes, et c’est grâce à ces petites initiatives individuelles, où chacun se crée son propre univers, que le bordel continue à avancer. On est en plein dans le DIY. Le DIY français c’est nous mec ! C’est pas beau ça ? On crée notre propre culture, notre propre réseau, en parallèle à la culture mainstream qu’on nous propose et qui ne nous convient pas. On offre ainsi une alternative au gosse un peu curieux qui, avant que les poils ne lui poussent sous les bras, va ressentir une grosse lassitude par rapport à ce que lui offre la société en regard à ce qu’elle lui demande. La vie quoi. Je ne vends pas des disques. Je vis. Et je suis un des maillons de la chaîne qui permet à d’autres de vivre en passant le dimanche ailleurs que devant Michel Drucker, son canapé et son caniche…. Quel horizon !

Un constat que l'on peut faire est qu'il y a en France une multitude de petits labels, sans grandes prétentions, qui ne servent qu'à sortir ses propres skeuds (par défaut) et/ou celui de ses potes mais cela ne dure jamais plus de quelques années avec au maximum une demi douzaine de prods au compteur (exceptions faites de Rejuvenation, Dumb-Inc ou Guerilla Asso très récemment). Il n'y a pas vraiment d'alter ego à B-Core en Espagne, Boss Tuneage en Angleterre, Bad Taste en Suède... Alors même si tu as raté le coche vu que Kicking Records ne commence pas par la lettre "B", avec 6 sorties en 2007 et autant de prévues en 2008, tu rentres direct dans la cour des grands pour t'imposer comme LE label excitant du moment. C'est comme ça que tu vois les choses?
Je sors une douzaine de prods en 1 an et demi, donc je suis excitant, c’est ça ? Je ne vais pas rentrer dans l’opposition quantité/qualité, ce serait te faire injure, néanmoins, j’aurais préféré que tu me parles de la qualité des bands sortis sur le label. Ca c’est excitant. Je sors beaucoup de disques parce que tous ces groupes sont liés entre eux ou parce que les autres labels ne veulent pas les sortir (hallucinant !) mais surtout parce qu’ils ont tout pour me convaincre, tant au niveau de la qualité de la production que du spirit. Je reçois chaque semaine des propositions de groupes qui veulent sortir sur Kicking Records, et je pourrai donc exploser les chiffres, mais à quoi bon ? C’est une histoire, c’est mon histoire, différente avec chacun des groupes, et ça doit rester ainsi, un truc entre gens qui partagent une certaine vision de ce que doit être la scène, sans se prendre au sérieux mais en le faisant sérieusement.

On va traiter de suite des choses qui "fâchent" mais financièrement parlant, au bout d'un an d'activité, quel est le bilan? Est-ce que tu arrives à équilibrer la balance (je me doute que tu ne comptes pas t'engrosser avec le punkrock) ou bien filtres-tu les appels de ton banquier? Tu lui as filé une fausse adresse à Mayotte, c'est ça?
Mon banquier est une banquière, ça aide. Elle tripe quand je lui raconte que je sors le premier vinyle d’un groupe de L.A. qui a joué avec Iggy Pop. Alors quand je lui présente la facture du presseur, elle n’en fait pas un drame. Ceci étant, les finances du label sont catastrophiques, mais, bon, n’est-ce pas ça le luxe ? Dépenser l’argent durement gagné pour n’en faire qu’à sa tête ? Faire les disques que d’autres ont le mauvais goût de refuser ? Je vais peut être trouver un équilibre à - ?? ??? €. Ce qui voudrait dire que c’est gagné, que je peux continuer à sortir des skeuds, qu’une prod sortie permet de payer le pressage de la prochaine. Bonheur.

Jusqu'à présent, il y avait une certaine cohérence géographique dans tes sorties. Des groupes de l'Est de la France, ayant un degré plus ou moins élevé de consanguinité entre eux (musiciens jouant ou ayant joué ensemble, dans différents projets mais gravitant quand même pas mal autour de Nasty Samy). Or là, j'ai l'impression qu'en 2008, cela part dans tous les sens (Suisse, USA, Toulouse, Nîmes, Angoulême). Peux-tu nous donner des précisions sur ce qui t'a amené à produire les futurs disques estampillés Kicking?
C’est parti :
MOTHER SUPERIOR : Ils ont tourné en Europe au printemps 2007, et c’est HELLBATS qui assurait la première partie de toutes leurs dates françaises. Ils ont vu le vinyle de The BLACK ZOMBIE PROCESSION sur le stand de merch, ont ouvert de grands yeux et crié « Mais qui est donc l’esthète qui sort des disques d’un tel raffinement ?». En américain bien sûr. Personne autour d’eux ne semblait comprendre leur étonnement. Personne ? Si ! Tapi dans l’ombre, le maître du Néant, alerté par le silence qui suivit l’exclamation, griffonna entre deux gammes mon  email sur un bout de parchemin et le glissa dans la poche de Jim le chanteur/guitariste en lui susurrant à l’oreille, hypnotique : «We call him Mr. Cu !, but don’t fuck with him…. » . C’est ainsi que quelques jours plus tard je recevais un email de L.A. dans lequel un gars très poli me demandait si je voulais bien sortir son prochain skeud en vinyle. J’ai dit ok, et en cd aussi tant qu’on y est !
HATEFUL MONDAY : j’étais en tournée avec The BLACK ZOMBIE PROCESSION, nous avons joué dans leur fief à Genève. Peg de GPS Prod savait d’après une chronique que j’avais écrite sur EVERYDAY IS LIKE SUNDAY que les mélopées de ses jeunes protégés ne me laissaient pas insensible. Aussi m’a t il demandé de sortir leur prochain skeud en France sur Kicking Records. J’ai dit ok ! Une légende aussi tenace que populaire dans la région française frontalière à la Suisse laisse entendre que le Suisse est lent. Je démens. Tenir des propos aussi généraux, c’est flirter avec la xénophobie. Le Suisse est TRES lent. Surtout quand il est français.
GREEDY GUTS : Tout est raconté dans le live report du concert HARD ONS / GREEDY GUTS de septembre 2007 sur EVERYDAY IS LIKE SUNDAY. En résumé, j’ai vu GREEDY GUTS pour la première fois de ma vie à ce concert, et quand ils sont descendus de scène, je leur ai demandé un disque « ou je tue le chien !». Amadoués par tant de courtoisie, ils m’ont avoué connaître mes activités secrètes et glissé une copie de leur album qui ne trouvait pas preneur. Dans la même semaine Franck de SLOW DEATH records m’a branché pour sortir ce skeud ensemble… J’ai épargné le chien.
THE LAST BRIGADE : J’attends le jour où Nasty Samy me fera écouter son nouveau groupe et que celui-ci sera mauvais. Ce ne fût pas le cas dans l’avion qui nous menait à New York en lune de miel cet automne. Je n’avais donc aucune raison valable de ne pas sortir ce skeud, il m’a fait planer.
BILLY GAZ STATION : Je les ai vus 4 jours de suite en première partie de The BLACK ZOMBIE PROCESSION en novembre et dès la première fois, je savais que j’allais leur proposer quelque chose, mais essayais de garder ça pour moi, comme un petit secret tout perso. J’ai tenu 24 heures. Une nouvelle couleur est ainsi donnée au label.
Voilà, chaque sortie est très différente de la précédente, et je suis super happy d’avoir un spectre qui va de GENERIC à HATEFUL MONDAY en passant par MOTHER SUPERIOR. Celui-ci reflète simplement une partie de mes goûts. 

En plus de sortir et promouvoir les skeuds, tu cherches des dates pour "tes" groupes et plus encore tu es présent (au merch) sur toutes les dates de Black Zombie Procession. Pourquoi?
Pour le booking, ça se résume à trouver les dates autour de chez moi, ou dans les endroits où je connais quelqu’un susceptible de faire jouer les groupes, mais les ¾ de la tournée sont montés par le groupe en général. Dans l’absolu, je devrais me contenter de jouer mon rôle de label et de le faire bien. Mais je n’ai pas encore rencontré la personne qui va monter Kicking Tour et qui bookera les dates des groupes, ce qui serait l’idéal, alors je le fais moi même, comme à chaque fois qu’un truc doit être fait et que personne ne le fait.
Pour les tournées avec The BLACK ZOMBIE PROCESSION, c’était juste dans le deal de départ quand j’ai sorti le 1er skeud, je voulais une place au chaud dans le van pour prendre l’air, ricaner avec les gosses, rencontrer les gens sur la route. Car le taf de label, c’est pas hyper glam vois tu, remplir des tableaux excel, faire des paquets, la queue à La Poste, des bulletins et des newsletters, ça manque de contact humain tout ça. Alors qu’une bonne tournée avec Forest, c’est anecdote sur anecdote !

Tu vois donc la scène rock indé française au plus près de ce qu'elle peut être (groupes locaux, assos, public...). Quel est ton avis là dessus? Comment se porte-t-elle? Quelles différences avec celle que tu as connue il y a quelques temps, au cours de ta première vie d'activiste?
Beaucoup de groupes moyens, beaucoup de bières pour rien. J’ai parfois l’impression que l’important c’est d’en être, de faire partie du show, peu importe si la musique est aussi mauvaise que la bière éventée. Fuck ! Il ne tient qu’au public et aux acteurs de la scène de faire en sorte que celle-ci soit à la hauteur de ses grandes sœurs anglo-saxonnes, ce qui est loin d’être le cas. Ca ne suffit pas de lancer son manche en l’air et de prendre des poses de guitar hero, encore faut il chier un refrain qui me reste dans la tête après le set. Beaucoup de poseurs, qui auront bien du mal avec leurs tatouages dans peu de temps. Il faut bosser son instrument, jouer avec du monde, faire des bornes pour aller voir des bons groupes, et ensuite, ça vaudra peut être le coup de se mettre en avant. Avec le numérique, n’importe qui peut maintenant enregistrer, diffuser sa musique avec un visuel de la mort qui tue. Tant de pages myspace de groupes moyens, trop de groupes moyens. Une autre tare de notre époque, la politique culturelle française depuis 20 ans et nos chers ministres socialistes qui ne rêvent maintenant plus que d’entrer dans le gouvernement le plus à droite depuis …. Pétain. Cette politique mitterrandienne et continuée malgré tout jusqu’à aujourd’hui, a gravement nuit à l’autogestion dont est issu le mouvement punk. Tous ces tremplins rock, ces subventions nationales, régionales ou départementales, ces salles de concert suréquipées avec des programmateurs frileux, Fuck ! On dirait que les groupes font du rock pour devenir fonctionnaires de la culture…. Eh les gars, c’est le contraire, vous n’avez rien compris. On fait du punk rock pour créer quelque chose à côté de la culture mainstream et gouvernementale, pas pour entrer dedans, capito ? On se démerde avec ce qu’on a, c’est d’autant plus créatif et jouissif que de chasser des subventions. Pour comparer avec avant, justement, du jour au lendemain, avec l’intermittence, la fête de la musique, les SMAC et autres initiatives gouvernementales, j’ai vu fleurir des tronches derrière des bureaux, des mecs qui ne savaient rien faire, payés pour m’expliquer comment faire un disque, monter une tournée, arranger un couplet…. Nan mais attends grand…. Commençons par le début, la répet dans la cave de 3m2 pas chauffée, les séances de collage avec le seau de colle sur les baskets à éviter les keufs et les fafs, les concerts dans les bouibouis les plus malfamés de la ville, et après on verra ceux qui restent. Les aides ont tué et continuent de tuer la volonté, la hargne, qui permettait aux groupes d’il y a 20 ans de créer un véritable mouvement, genre le rock alternatif à la OTH, SHERIFF, PARABELLUM, RATS et consorts.

J'imagine qu'après ton entrée fracassante dans le paysage punkrock hexagonal, tu dois être pas mal sollicité par des groupes souhaitant sortir des skeuds sur Kicking Rds. Tu ne peux malheureusement pas satisfaire tout le monde. Quels sont ceux que tu aurais aimé aider mais que tu n'as pas pu? Question posée autrement, quels sont les groupes actuels qui te bottent?
Malgré ce qui est écrit plus haut, il y en a, mais ce ne sont pas les plus jeunes. Les groupes qui me plaisent, soit ils ont déjà un label et ils n’ont pas besoin de moi, soit ils ont maintenant un projet avec Kicking records (The last Brigade, Billy Gaz Station….). Je ne sais pas avec qui je bosserai en 2009, ça va beaucoup dépendre des rencontres de 2008, c’est ce que je retiens de l’année passée.

Un tribute aux $heriff, l'idée a été maintes fois envisagée et c'est finalement toi qui l'a fait. Peux-tu nous en rappeler les raisons et nous dire comment il a été accueilli par la presse, le public? Là aussi le choix des groupes retenus n'a pas du être évident et a du faire des "jaloux"? Un deuxième volet est-il à prévoir?
« Accueilli par la presse et le public »…. Nan mais tu t’es relu ? Il a été bien accueilli par le seul mag en France qui comprenne ce que je fais, Punk Rawk mag (achetez le !, car imaginez la vie sans….). Les autres n’en ont pas parlé si je ne m’abuse. Les webzines l’ont bien accueilli, c’est un projet qui a fait plaiz à pas mal de monde apparemment. Les gens ont osé dire : « Oui moi aussi j’aime bien les Sheriff, ce n’est pas un  groupe d’attardés mentaux »…. Rien que pour cela ça a valu le coup de faire ce skeud. Encore une fois, c’était vraiment un plaisir personnel, en rapport avec ma relation avec ce groupe. Il sert aussi un  peu de carte de visite auprès d’un public qui ne connaissait pas forcément les groupes du label et les autres présents sur ce skeud. Ca dit aux jeunes qu’il y avait un groupe qui mettait le feu il n’y a pas si longtemps que ça, et aux vieux que la relève est assurée par les 22 artistes présents. J’ai dû refuser beaucoup de propositions. J’aurais pu en faire un deuxième, mais là, ça perdrait vraiment de la fraîcheur du truc. C’est fait, c’est bien. Il fallait que je le fasse, je peux faire autre chose maintenant. Impossible pour moi de recommencer, regarder derrière, revenir sur les lieux du crime. Droit devant.

Le pied mis au niveau international, en sortant spécialement pour la France des albums de groupes étrangers, est-ce quelque chose que tu veux creuser, continuer?
Pour sûr ! J’ai déjà d’autres offres de groupes ricains pour sortir leurs skeuds en Europe. Reste à savoir si c’est jouable, s’ils peuvent venir comme MOTHER SUPERIOR tourner un mois et demi non stop, si les distributeurs suivent, si le public s’intéresse, si…..

L'année 2008 semble être déjà bookée en termes de sorties (Hateful Monday, Mother Superior, The Last Brigade, Greedy Guts, Black Zombie Procession, Billy Gaz Station). Peut-on s'attendre néanmoins à quelques surprises d'ici là? Et pour 2009, à part le prochaine Flying Donuts, des pistes?
Aucune. C’est déjà extra, après un an d’existence, d’avoir un  an de sorties prévu, nan ? Je peux difficilement faire plus….. Les prochaines rencontres en tournée m’en apprendront plus sur mon avenir et celui du label.

Continue ton boulot, tu fais ça plutôt pas mal. Si tu as quoi que ce soit à redire sur le mien et que tu veux rajouter quelque chose que j'aurais oublié, c'est le moment.
Ce que tu fais est nickel. Tu as choisi d’informer sur ce que les artistes qui te plaisent, font. Quelqu’un d’un minimum curieux qui cherche un concert où aller entre Montpellier et Paris a juste à se rendre sur ta page pour être au jus, c’est cool de faire un truc aussi simple et utile. L’émission de radio, je l’écoute régulièrement, ça me permet de découvrir des trucs. Maintenant tu passes au zine, ben mec t’es sur la bonne voie là, pas d’esbroufe, du concret, continue comme ça, ça change des mythos dont on attend encore le premier geste qui soit autre chose qu’un effet de manche.
Tu as compris qu’on pouvait être fonctionnaire pour faire le rock, et pas le contraire, bon début. Merci de t’intéresser et d’informer sur mes activités, j’espère que tu seras encore avec la scène dans 5 ans, puis 10, puis 20…. (ndrc : 6 ans après je suis toujours dans la place. Yeahh !!)
http://www.kickingrecords.com/
http://kickingradio.com/

albums écoutés en écrivant ce post : WATER MANE "EP" cd & "Unsolved issues EP" mp3

Tuesday, September 24, 2013

Cobra 06130 en force !

Attention, l'heure est grave, on va causer un peu de Cobra. Ça fait plus d'un an que j'ai découvert ce groupe et depuis octobre dernier, je me sens investi d'une mission de dés-évangélisation, celle de propager les paroles et la musique des fils de Satan. La première fois que j'en ai entendu parler, c'était au Samynaire 2012, lorsque Diamant Noir, un all star band de Montpellier (avec les Marvin, Arbre, Poupi, Thomas X-Or et Samy lui même) a repris "Des lieux associatifs pour les jeunes" (vidéo ici). Ok, sur le coup je n'ai pas compris ou saisi grand chose vu que j'étais bien rôti, comme à chaque Samynaire et puis je suis tombé durant l'été sur le clip "officiel" de ce morceau (vidéo ici). Images décalées, paroles semi débiles, tout du moins très particulières et musique punk/metal avec un gros côté Trust, chant braillé en français et solo. Pas ce qui aurait dû m'attirer au premier abord mais je me demandais vraiment ce qui avait poussé Diamant Noir à reprendre ce titre. J'étais intrigué. Puis je suis passé à autre chose, jusqu'à ce que début octobre, je tombe conjointement sur les pages facebook (ici), bandcamp (là) du groupe et une interview sur Vice (article ici). Il n'en fallait pas plus pour me convertir définitivement. J'étais habité, malaadeuh, complètement malaadeuh. Pendant dix jours, je n'ai écouté que ça, les trois albums sur bandcamp, en boucle. Ça faisait longtemps que je n'avais pas ressenti autant de frissons, d'excitation pour un nouveau groupe. Pourquoi ? Si la musique et le chant sont plutôt basiques et linéaires avec quand même des petits riffs et solo pas dégueux par moments, c'est leur humour et les paroles à prendre au 666ème degré qui m'ont conquis et achevé. Il faut dire que j'ai un faible pour tout ce qui est (un peu) débile. Tu peux, toi, résister à des rimes comme "Suceeeeer, des routieeeers, dans les wécééééés, des highwayyyys" ou encore "On est des mecs craignooos, on a des colliers en oooos" ? Moi, non. "C'est Cobra et c'est comme ça et ceux qui sont pas contents, qu'ils aillent tous se faire enculer !" Voilà, tout est dit. Perso je trouve ça fou de ne pas avoir entendu parler d'eux avant, alors qu'ils ont trois albums à leur actif et existent (soi disant) depuis 1985. Il faut dire que je fréquente assez peu les webzines metal, où l'on peut trouver des chroniques de leur chef d'oeuvre "Le pont des extrêmes", paru en 2005. Bon, les critiques ne sont pas vraiment dithyrambiques, c'est même plutôt l'inverse : "affligeant", "Cobra tue la scène" et j'en passe. Le chroniqueur metalleux de base aurait-il du mal avec le second degré ? Il semblerait que oui (vidéo à l'appui). Si c'était parfait sur disque, il fallait voir comment le groupe allait passer l'épreuve du live. Ca tombait bien, ils étaient en concert au Nouveau Casino, invités par KicKbacK à faire leur première partie. Tranquille... Sauf que manque de bol, c'était complet et j'avais un autre concert ou truc de prévu ce soir là. Du coup j'ai dû patienter jusqu'au mois de février pour enfin les voir, à l'Espace B à Paris. Alors oui, évidemment, j'étais un peu inquiet, fébrile avant le concert, comme quand tu attends beaucoup (trop ?) d'une chose, prêt à scander les paroles mais aussi à leur pardonner un certain nombre d'imperfections mais je n'ai pas eu besoin. C'était parfait, débile à souhait. Le public, assez nombreux, était comme moi, acquis à leur cause, à Lucifer et quand ils ont tous débarqué en tee shirt noir Cobra, c'était la folie. Il y a une règle qui stipule qu'il est décemment interdit de porter le tee-shirt du groupe qui se produit sur scène. Certes mais cette règle ne s'applique pas à Cobra. C'est Cobra et c'est comme ça et ceux qui sont pas contents, qu'ils aillent tous se faire enculer. Les gars du groupe portent tous un teesh Cobra et il est autorisé, voire même encouragé que certains dans le public en fassent de même. Ils sont cinq sur scène, trois guitaristes, un chanteur et un mec aux samples vidéos et audios (basse/batterie) et c'est irrévérencieusement cool ! Ma mission de dés-évangélisation a mis un peu de temps à se concrétiser mais c'est en route et j'ai réussi à convertir pas mal de monde du Milieu en un an (Mr Cu!, Gwardeath, Till GxP etc.).

Depuis je les ai revus deux fois à Montpellier (au Black Sheep et au Samynaire) et à Paris, à la Flèche d'Or, il y a une dizaine de jours. Un vendredi 13 !! Il ne pouvait en être autrement. La soirée promettait d'être belle et elle a tenu ses promesses. J'avais organisé un petit apéro chez moi avant, histoire d'arriver bien chaud et pour être chaud, j'étais chaud. Je n'ai pas trop de souvenirs des premiers groupes The Box et Strasbourg mais ça avait l'air chiant, je me rappelle juste de la reprise de "Ace of spades" par dDamage et Cobra c'était encore une fois magique. Tellement que dans le pit j'ai perdu le cd "Le pont des extrêmes" que m'avait filé Mathieu (guitariste de Cobra) juste avant. Pas grave, j'en ai racheté un à la fin du concert. Quelques chouettes photos ainsi qu'une vidéo live ici. Je me mets rarement minable mais ce soir là j'étais vraiment complètement rond. Du coup, quand en sortant de la salle je suis tombé sur Dina et GG (M16-MAG), qui attendaient un taxi pour bouger vers Oberkampf, je suis monté avec eux. Et bim, re-bières, shots... La fin est plus confuse mais je crois que le bar a fermé, qu'on a végété un moment devant puis un after s'est dessiné mais ça ne me branchait pas des masses donc je suis rentré chez moi. Dans un état d'ébriété bien avancé puisque sur le chemin, vers 3h j'ai écrit et envoyé le message suivant à ma copine : "Je t'ailevjoliie péon rsse et je sis saoul seoukl". Hum hum, le seul mot sensé est "saoul". Comme c'est bizarre... Bon, le lendemain par contre je faisais beaucoup moins le malin.. J'ai même vomi au réveil et une deuxième fois en milieu d'aprèm ! C'est aussi ça l'esprit Cobra.

albums écoutés en écrivant ce post : COBRA "Involution" & "Le pont des extrêmes" et "Les clés de l'inquiétude"